Un peu d'Histoire
Premières traces : il y a près de 6000 ans, en Mésopotamie, où les Sumériens pratiquaient déjà l’accompagnement en paroles. Un manuscrit cunéiforme décrit des guérisons obtenues grâce aux Etats Modifiés de Conscience. Les 3 états de transe hypnotique (re)découverts au 19ème siècles par Charcot y sont même déjà expliqués !
Il y a plus 3000 ans, en Égypte sous Ramsès II, 20ème dynastie… Nous avons la description d’une séance « d’hypnose », sur une stèle découverte par Musès en 1972.
Puis à travers les siècles en Grèce : Socrate, et le « terpnos logos » . Il se décrit lui-même comme « accoucheur d’âmes ». Ou encore un de ses contemporains, Antiphon d’Athènes, dont le frontispice de sa maison annonce qu’il a le pouvoir de « guérir avec les mots » .
Au IIIème siècle, encore en Egypte, un manuscrit (traduit et publié par Emil Brugsch en 1893) relate l’existence de « temples du sommeil » où les gens sont mystérieusement soignés… Les prêtres de ces temples parlaient à l’oreille de leurs patients assoupis, leur offrant de « douces paroles guérissantes ».
- 1766, le docteur Franz Anton Mesmer, disciple spirituel de Paracelse, inspiré par sa pratique et ses écrits devient le premier « psychothérapeute » des temps modernes avec le « Magnétisme Animal ». Malgré ses détracteurs de l’époque, il triomphe dans tous les royaumes civilisés… jusqu’en :
- 1784, Chastenet de Puységur, disciple de Mesmer, découvre par hasard la transe somnambulique en magnétisant un jeune berger (l’hypnose comme un « état » plutôt que résultat d’une action extérieure). Et l’Abbé de Faria, moine portugais célèbre pour son apparition dans le Comte de Monte-Cristo de Dumas, donne ses démonstrations dans tout Paris et pose les premiers fondements de ce qui deviendra « l’École de Nancy » en insistant sur la prépondérance de la suggestion. C’est la naissance du « sommeil lucide » qui deviendra l’hypnose.
- 1841, James Braid, chirurgien écossais, découvre les techniques du magnétisme animal lors d’une démonstration donnée par le célèbre magnétiseur français Lafontaine. Il posera les bases scientifiques de ce qu’il nommera : « Hypnose » (1843). La théorie du magnétisme, trop impalpable, tend à être remplacée par l’idée d’une relation patient/thérapeute. De nombreux professionnels de Santé se lancent dans l’aventure…
- A la même période : John Elliotson, professeur de Chirurgie, introduit l’utilisation de l’hypnose en hôpital pour les anesthésies. Le docteur Parker (Mesmeric Hospital, Dublin) publie le compte rendu de 200 interventions sous hypnose, dont une amputation indolore ; et James Esdaille, chirurgien lui aussi écossais, exerçant à Calcutta, rapporte plus de 2000 interventions, dont 315 majeures réalisées sous « anesthésie mesmérienne »… C’est au tour de l’Hypnose d’avoir son âge d’or… jusqu’en 1846, avec l’invention du chloroforme, qui supplantera l’hypnose pour les anesthésies !… C’est la fin (pour un temps) de l’Hypnose clinique.
- 1869, Karl Robert Eduard von Hartmann, un philosophe allemand, publie Philosophie de l’inconscient (Die Philosophie des Unbewussten), ce qui lui vaut une renommée mondiale. Déjà présupposé chez Leibniz (1705), le concept d’Inconscient est né.
- 1885, Sigmund Freud, est passionné d’Hypnose. Il se convainc de la réalité du phénomène hypnotique lors d’un spectacle d’hypnose de Hansen (Danemark). Âgé de 29 ans, il a déjà traduit en allemand les livres de Bernheim et effectué un stage à la Salpêtrière pendant quatre mois, auprès de Charcot, où il rencontrera Pierre Janet, à la source de bien des idées à la base de la future Psychanalyse. Auteur avec le Dr Breuer d’un livre sur l’Hypnose, il fonde sa compréhension, révolutionnaire pour l’époque, des processus psychiques. Il achèvera sa formation en Hypnose à Nancy avec Bernheim en 1889, mais ne maîtrisera jamais vraiment la technique d’hypnose classique, qu’il abandonnera (à l’époque trop autoritaire et ne correspondant plus à ses recherches). Toutefois, il enverra toute sa vie les patients ayant besoin d’une thérapie plus que d’une analyse à ses collègues hypnothérapeutes ! (cf. lettre de Freud datant de 1937)
- 1900, en France, Émile Coué, simple pharmacien nancéen, après avoir appris les techniques de l’hypnose auprès de Liébault (importance de la suggestion), répand sa désormais célèbre « Méthode Coué » de par le monde : Paris, Bruxelles, Londres, puis les USA. C’est la naissance de l’Auto-hypnose,
- Aux États-Unis, les travaux de Milton Hyland Erickson, psychiatre américain né en 1901, bouleversent les conceptions de l’Hypnose et de la Thérapie brève. Bateson, Watzlawick, Weakland et Haley, membres de la fameuse École de Palo Alto, le considèrent comme le « père de la Communication moderne ». L’Hypnose Ericksonienne est née (1937) et va grandir grâce aux élèves d’Erickson tels de Jay Haley, Jeffrey Zeig ou Ernest Lawrence Rossi. La pratique de Milton Erickson sera également aux origines de la Programmation Neuro-Linguistique (PNL) de Richard Bandler et John Grinder, dans le milieu des années 1970.
- 1979, Daniel L. Araoz, célèbre sexologue et hypnothérapeute, baptise « Nouvelle Hypnose » l’utilisation moderne de l’Hypnose, appuyée sur le langage (clin d’oeil à Bernheim et sa « Nouvelle Ecole », à Nancy). Certaines techniques d’Erickson sont conservées, débarrassées de leurs aspects parfois manipulateurs ou brutaux.
- 2001, Olivier Lockert, président de l’Institut Français d’Hypnose Ericksonienne créé l’Hypnose Humaniste, une façon totalement nouvelle de pratiquer l’hypnose, Le premier livre sur cette nouvelle pratique sortira en 2005, en France. Il sera enrichi en 2007 par la TSA (Thérapie Symbolique Avancée) de Patricia d’Angeli, ouvrant ainsi l’hypnothérapie aux problématiques autrefois réservées à la psychothérapie ou à la psychanalyse.